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LES TROIS LECTURES.

cette complaisance de ta part, et peut-être un succès ; car mon oncle est entêté, et, si une fois il a dit ta pièce bonne, excellente, il est homme à dépenser mille louis pour prouver qu’il avait raison de la juger ainsi. D’ailleurs, tu la liras devant un cercle de jolies femmes, qui te regarderont si elles ne t’écoutent ; et si ta muse ne recueille pas tout l’encens qu’elle mérite, la bonne grâce du lecteur sera fort appréciée, et peut-être bien récolteras-tu davantage des distractions de l’auditoire que des émotions produites par l’ouvrage. Quoi ! tu hésites encore ? Allons, je vais te décider. Ma tante attache un grand prix à avoir une lecture chez elle, pour se donner un air littéraire ; si tu m’aides à satisfaire ce caprice, elle me fera prêter par son mari l’argent dont j’ai besoin. À présent, décide.

— « Attraper l’argent d’un oncle ! mais c’est comme une affaire d’honneur ; mon ami, il n’y a pas moyen de s’en dispenser. Allons, je lirai. Je serai pour un jour le Trissotin de la Bourse ; on se moquera de moi, de ma pièce ; mais il y va d’un intérêt qui l’emporte sur toutes ces misères. Tu peux compter sur moi. »

Trois jours après, Amaury fut conduit par son ami dans les salons dorés de son oncle Maubert ; une table, où deux candélabres et le verre d’eau classique annonçaient le genre de