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LES TROIS LECTURES.

À ces différents avis, qui ressemblaient pour la plupart à des condamnations, l’auteur répondait par quelques-unes de ces phrases conciliantes, de ces condescendances modestes, auxquelles on ne se résigne jamais que pour obtenir d’être écouté jusqu’au bout.

— « Je crois, messieurs, disait-il humblement, que mon cinquième acte répond à presque toutes vos objections. » Et par ce détour ingénieux, il parvint à reconquérir l’attention des auditeurs, dont chacun était empressé de reconnaître l’endroit qui devait le satisfaire.

Alors, profitant de la bienveillance de tous ces amours-propres ravis de dicter des lois au talent, Amaury redoubla de voix, de gestes, de chaleur, et cette verve brûlante, secondée par quelques scènes dramatiques, enleva tous les suffrages ; on tomba d’accord qu’en ajoutant deux ou trois effets terribles à ce dénoûment déjà fort pathétique, on arriverait à un succès digne du théâtre moderne ; le jeune auteur enchanté de ce jugement, plein d’avenir, s’engagea à faire toutes les additions indiquées, les meurtres décidés, l’empoisonnement indispensable ; et, de peur d’oublier aucune des horreurs qui devaient parfaire son ouvrage, il s’enferma le reste de la journée pour mettre à profit les conseils de ses amis.