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LES TROIS LECTURES.

balancer sa jambe, pendant qu’un assoupissement profond engourdissait le reste de sa personne ; mais un ronflement délateur l’accusait déjà, lorsque le bruit d’une vive discussion dramatique vint à son secours.

— « Je ferais commettre le crime sur la scène, disait l’un ; au théâtre, on ne comprend bien que ce qu’on voit.

— « Y penses-tu, répondait l’autre ; le parterre ferait de beaux cris !

— « Le parterre ! ah vraiment, c’est bien lui qui s’effraie de quelque chose aujourd’hui ! Grâce au ciel, nous l’avons amené, comme Orgon, à tout voir, tout entendre, sans se révolter de rien.

— « Mais les loges, et cette galerie remplie de jeunes femmes, de mères qui amènent leurs filles au spectacle, sur la foi du vieux Castigat ridendo mores, quelle figure veux-tu qu’elles fassent pendant…

— « Je veux que les jeunes filles restent chez elles. Ce n’est pas pour un semblable public que le drame shakespearien est écrit. Quant aux femmes, que vos scènes les fassent frissonner ; elles ne penseront pas à en rougir.

— « De la terreur ou de la farce, je ne connais que cela, dit Alfred, et quand on peut les réunir toutes deux comme dans l’Auberge des Adrets, c’est la perfection. »