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LES TROIS LECTURES.

cria sur la grande pensée de l’ouvrage en herbe, et sur le procédé nouveau qui fesait tourner la philosophie, cette consolation des anciens, au désespoir des modernes. Les sophismes, les épigrammes, les bons mots, les extravagances se croisèrent, s’immolèrent mutuellement à l’effet, à cette divinité des gens d’esprit et des jolies femmes. Sous l’influence d’une gaîté soutenue par le vin de Champagne, les convives commençaient à oublier complètement le motif qui les avait réunis. Amaury lui seul en était occupé, et cherchait un moyen d’y ramener ses amis ; mais les insinuations fines, les phrases modestes, les regrets d’interrompre une conversation si étincelante pour une lecture sérieuse, rien n’était compris ; l’heure s’avançait, et personne n’avait l’idée de parler du drame de l’amphitryon. Enfin, n’espérant plus rien de leur souvenir, Amaury se décida à ce qu’on appelle un coup d’auteur. — « Vous oubliez, mes amis, dit-il, que vous n’êtes point ici pour vous amuser, mais pour écouter et censurer mon ouvrage.

— « C’est ma foi vrai, » dit Alfred en posant son verre, « il a parbleu bien fait de me le rappeler ; car ce diable de Stanislas, avec ses contes fantastiques, me ferait oublier le plus saint des devoirs. Allons, messieurs, trêve de folies, et reprenons la gravité convenable à des juges. »