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LES TROIS LECTURES.

— « L’ambassadrice d’Angleterre, n’est-ce pas ?

— « C’est cela, d’Angleterre.

— « Et moi, qui n’ai pas encore mon billet » reprit Amaury avec humeur, « je devais envoyer au jeune secrétaire d’ambassade mon adresse, et faire mettre des cartes ; en vérité, ce maudit drame me fait perdre la tête ; il me tarde que son sort soit décidé pour n’y plus penser. »

Comme il achevait ces mots, Gabriel entra, suivi de deux peintres lettrés, dont le talent original et l’esprit piquant étaient fort recherchés par tous les disciples de la nouvelle école ; bientôt après, arriva le reste des élus qui devaient prophétiser le succès ou le revers.

D’abord on procéda au déjeuner avec un ensemble merveilleux ; tout le temps qu’il dura, la politique, les femmes, et l’opéra nouveau, fournirent à la conversation. L’auteur de plusieurs volumes, où la grâce et l’esprit font souvent pardonner l’horreur du sujet, avait déjà raconté deux aventures d’un extrême intérêt, dont il avait été témoin pendant ses voyages sur mer ; lorsque le roi du récit, l’éloquent conteur de nouvelles qui font frémir, le vif Stanislas de… prit la parole pour soumettre à la bruyante assemblée le plan d’un ouvrage philosophique, qui ferait indubitablement crever de rire et de dépit le pauvre genre humain. Chacun se ré-