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LES TROIS LECTURES.

la portière venait de succéder à son mari, comme plus versée dans le service de table ; elle mettait le couvert pendant qu’Amaury achevait de s’habiller ; les yeux tantôt sur son miroir, et tantôt sur son manuscrit, il déclamait tout haut en attachant sa cravate ; et, comme on ne répète jamais ainsi que les endroits les plus chauds d’un ouvrage, les imprécations les plus éloquentes, la pauvre portière prit toute cette colère pour elle, et se confondit en excuses sur ce qu’elle ne pouvait pas aller plus vite ; enfin, rassurée par Amaury, qui fut obligé de lui expliquer la cause de sa méprise, elle lui dit à voix basse que la femme de chambre était venue la veille. — Quelle femme ? demanda Amaury, à qui sa prochaine lecture faisait tout oublier. — Mais la personne qui vient si souvent avertir monsieur de tout ce que fait sa jeune maîtresse, de l’heure où elle va à la messe, du spectacle où sa mère la mène, que sais-je, moi ?

— « Ah ! oui ! reprit Amaury, comme sortant d’un rêve ; Ernestine, la femme de chambre de mademoiselle… » Il s’arrêta tout à coup, effrayé de l’indiscrétion qu’il allait commettre. « Eh bien, que vous a-t-elle dit ? » ajouta-t-il.

— « Que madame irait ce soir au bal de l’ambassadrice de… de… ma foi, j’ai oublié l’autre nom.