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LES TROIS LECTURES.

doute de mettre en scène une de ces aventures scandaleuses dont les noms propres font l’intérêt principal, et assurent le succès ? C’est maintenant la seule exploitation qui rapporte.

— « Dieu m’en garde, s’écrie Amaury ; spéculer sur la publicité d’un secret de famille, d’un malheur, du suicide d’une jeune femme, de la démence d’une autre, dont les parents et amis sont là, dans la salle, témoins de l’accusation ou de la profanation de toutes les célébrités qu’ils honorent ! Non, jamais ; ma plume se refuserait à trafiquer de semblables noms, et j’aime trop l’art dramatique pour contribuer à le perdre par une telle dégradation. Je vous l’affirme, encore quelques succès de ce genre, et les théâtres sont morts ; car ces représentations scandaleuses ressemblent aux convulsions d’une prochaine agonie : c’est le noyé qui s’attache aux bords les plus fangeux pour résister au torrent qui l’entraîne ; mais c’est en vain ; un bras secourable peut seul le sauver.

— « Eh bien ! sois ce sauveur dramatique, dit l’élégant Alfred ; fais-nous quelque bon ouvrage bien neuf, bien triste, bien gai, écrit et pensé à la mode, et nous t’applaudirons de manière à décourager toutes les cabales ; mais point de ces expositions par demandes et par réponses ; plus de ces rêves obligés, où le cinquième acte