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LES TROIS LECTURES.

prosateur le plus fécond de l’époque ; le grenier n’est pour lui qu’un temple aérien, dont le poêle est l’autel, et la fumée, l’encens. Nos pères avaient bien raison de le laisser vivre ainsi près du ciel, de cette patrie des inspirations vers laquelle leurs yeux ne s’élèvent jamais sans en rapporter quelque image. Cela valait mieux pour le talent que la bourgeoise opulence de nos auteurs d’aujourd’hui. La verve ne vit que de luxe ou de misère ; le bien-être l’étouffe. Je m’étonne qu’Amaury échappe à ce malheur, lui dont le père est riche.

— « Sans doute, il est riche, reprit Amaury ; mais, comme il ne me donne rien, je me trouve absolument dans la même position que ceux qui manquent de tout.

— « Ne t’en flatte pas, dit Gabriel ; tu peux faire des dettes, et ce plaisir-là vaut une fortune.

— « Hélas ! cette noble ressource, je l’ai déjà épuisée, c’est pourquoi je cherche à me faire un revenu avec mes ouvrages. À quoi servirait l’esprit par le temps qui court, s’il ne servait à gagner de l’argent ?

— « Voilà qui nous révèle votre sujet, dit un jeune publiciste, que l’étude de l’économie politique rendait prompt à saisir les résultats, comme à deviner les moyens. Vous venez sans