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et la colline ; je vis un être immense et monstrueux : des millions de pieds s’agitant sous une tête de mort.

Non, dans le monde entier peut-être, une autre chapelle mortuaire n’a point la situation sublime de celle de ce coteau : les portes s’ouvrent, et du pied de l’autel le prêtre s’avance ; arrêté sur le seuil, son regard domine la reine des cités aussi loin qu’elle se déroule en tous sens. C’est une des plus grandes agglomérations sociales, c’est la capitale du monde civilisé au pied du Calvaire, au pied de la croix du supplice. Pour une âme soumise à la foi de sa religion, ce ministre du sacerdoce, précédé du signe rédempteur, ne figure-t-il point le christianisme, appelant depuis vingt siècles tous les hommes à la mort par l’espoir consolant d’une seconde vie sans fin ?… Mais, dans nos âges modernes, les vérités nues et sévères parlent plus haut que les douces illusions des croyances sacrées.

Je quittai le cimetière du Père-Lachaise : une impression indéfinissable dominait ma pensée ; elle s’égarait à l’infini dans ces grands mystères de la nature : le néant que dément notre intelligence, la création dont il est la base, et l’éternité écrite partout… Puis, en approchant du séjour des hommes, je redescendis aux petites passions humaines ; je me représentai rapidement tout ce