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de terre, sans grille, sans culture à l’entour, qui attend chaque jour, pour disparaître, l’approche du terrassier ; dessus il est écrit :

Pauvre Marie,
a 29 ans !

Fut-elle jolie ? peut-être… fut-elle bonne ? sans doute… Et qui était-elle ? Non pas sœur, non pas épouse, non pas mère,… plutôt orpheline. Qui la conduisit en ce lieu ? Un protecteur, un ami, un homme sensible ? Ah ! toute son histoire est dans l’imagination, dans le cœur, dans l’âme des passants ; combien se sont arrêtés ici, ont rêvé, puis répété : « Pauvre Marie, à 29 ans ! »

Une fois que l’esprit est entré ainsi en intimité avec la mort, il devient difficile de s’arracher du milieu des tombes ; on en évite cent, et cent autres vous retiennent ; involontairement, vous vous penchez vers une urne, un cippe, une croix, une fleur ! Tous les morts, sur votre route, sont des passants auxquels vous avez une question à faire, ne fût-ce que celle de leur nom. Voilà comment, de station en station, je fus ramené auprès d’un monument modeste devant lequel c’était un devoir pour moi de m’arrêter ; j’y lus avec émotion les lignes suivantes :

« A Lallemant, mort le 13 juin 1820, l’École de droit, l’École de médecine, le Commerce, et l’École des beaux-arts. »