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famille presque complète ; là, un orphelin tout seul ; ailleurs, un frère et une sœur déjà sérieux avant l’époque de la raison, orphelins aussi et frêles appuis l’un de l’autre dans un monde si rempli d’écueils. Il semble que, pendant toute l’année, la douleur s’amasse pour ce jour solennel ; alors il n’est pas un coin retiré du cimetière qui ne devienne l’écho d’un gémissement ; pas un endroit du sol où chaque personne agenouillée ne presse un être muet qui était venu avant elle rendre hommage à une poussière humaine dont la sienne a pris la place. La douleur et l’attendrissement planent sur ce grand espace, et montrent combien, en général, la nature a doué l’homme de bonté. A voir un tableau si mouvant, une multitude si pressée dans un tel lieu, on croirait que le juge suprême a dit la parole de Massillon ; « Morts, levez-vous ; » que les tombes se sont ouvertes pour rendre leurs dépôts à la lumière et à la vie.

Cet immense concours ne se renouvellerait pas de l’année, si la terre n’avait point à recevoir, à de longs intervalles, le dépôt sacré de ces hommes qui ont toute une nation pour famille, et, à leur départ de la vie, une population entière pour cortége : ainsi vinrent accompagnés Foy, Manuel, et Benjamin-Constant.

Au milieu de cette splendeur du trépas, c’est