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condamnèrent, dormiraient du même sommeil si la famille de ce guerrier n’avait mis ses restes à l’abri des révolutions dans ses propres domaines ; où les peuples les plus long-temps divisés de l’Europe ont des représentants ; où des fils errants de toutes les nations ont trouvé une tombe hospitalière. Au milieu du groupe de nos grands capitaines et de nos grands orateurs, je ne peux lire sans une vive émotion, sur le marbre d’un patriote grec, une inscription écrite dans la langue d’Homère et avec ces mêmes caractères dont fut tracée, il y a deux mille deux cents ans, la plus sublime des épitaphes : « Passant, va dire à Sparte que nous reposons ici pour avoir obéi à ses saintes lois. » N’avez-vous point vu, comme moi, l’étranger reconnaître le nom d’un compatriote, s’arrêter pensif, et s’émouvoir à l’idée du voyageur surpris par un trépas inattendu, gisant loin du dernier séjour qu’il s’était peut-être préparé d’avance sur sa terre natale ?

Ah ! celui là seul qui sommeille en ce lieu sur un sol étranger n’a point de part aux larmes, aux sanglots, aux milliers d’offrandes du lendemain de la Toussaint ; c’est la fête des morts, c’est une fête publique. C’est dans ce jour qu’il faut voir aborder au Père-Lachaise une population de tous les âges et de tous les sexes ; ici, une