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rectangles parallèles avec une bordure de buis, un seul drapeau et deux croix de bois ; sur l’une, ces mots : A la mémoire de Pierre Robin, âgé de 67 ans, une des victimes du 28 juillet 1830. De profundis ; sur l’autre : Ici repose une Victime inconnue du 28 juillet 1830. De profundis. Combien ces mots me touchèrent ! Victime inconnue, et elle dort dans un enclos fraternel ! les mêmes soins honorent les deux tombes ! Oh ! sans doute, on les trouva morts loin de tous les autres, au détour de quelque rue ; peut-être ne s’étaient-ils jamais vus auparavant ; peut-être avaient-ils partagé ce qu’on se prêtait dans ces cruelles journées, de la poudre et des balles ; le combat les rendit frères ; ils tirèrent peut-être long-temps avant d’être aperçus, et peut-être au même instant le plomb royal les renversa tous deux ! Honneur aux parents de l’un qui voulurent devenir ceux de l’autre ; ce fut une pensée vertueuse et une œuvre patriotique que de ne pas les séparer. Et quelle était cette victime inconnue ? peut-être un père que ses enfants attendirent en vain, un fils que son père chercha sans le trouver ; combien il y en eut ainsi que leur famille ne devait point revoir !…

Mais, paix aux amis et aux ennemis dans cet asyle où ils reposent également, où l’illustre Ney et déjà plus de cent trente des juges qui le