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que autant de l’attelage. Des hôtes nombreux qu’il amène, l’un est suivi d’un long cortége dont la bienséance lui procure une dernière fois les hommages imposteurs, et sur un char parsemé de larmes d’argent, les seules que l’on voie bien souvent à ces riches convois, va prendre place, à droite, dans la Chaussée-d’Antin du Père-Lachaise. L’autre suit, à gauche, un chemin plus solitaire ; ce dernier arrivant est venu seul, les vivants l’ont quitté aussitôt que la vie… Vainement je cherche derrière le corbillard son unique ami ; le concierge a empêché le chien de franchir le seuil, et l’a contraint de s’éloigner ; le fidèle animal témoigne sa douleur par ses hurlements, se retourne, s’arrête, revient, rôde autour des murs, erre dans la campagne, et, comme un être qui n’a plus d’ami, plus d’asyle sur la terre, ne sait où se diriger, ni sur qui reporter son attachement.

Cependant, son maître transporté dans une excavation où l’on descend par un grand nombre de degrés, prend bientôt place à côté de celui qui l’a précédé ; là, sans distinction des sexes ni des âges, les corps sont mis par rangées, à peine séparés les uns des autres par un pied de distance. Cette fosse commune que la mort ne peut combler qu’à l’aide d’un temps assez long, est toujours béante ; on ne la regarde pas sans