Page:Paris, ou, Le livre des cent-et-un, IV.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’Est ; il n’est pas de jour que l’on n’enterre avec le même fracas quelque paisible citoyen.

Deux autres corbillards avaient franchi le seuil en même temps, et plusieurs suivirent à de courts intervalles.

Quoique à toutes les heures du jour les portes du cimetière du Père-Lachaise soient ouvertes, c’est le matin surtout que les convois se succèdent. Dans la nuit, à une heure constamment fatale, qui commence lorsque les étoiles ont franchi leur zénith, et déclinent vers l’occident, la mort a fait sa ronde, et planté çà et là ses drapeaux noirs sur diverses habitations ; puis, dès que Paris est sorti du sommeil, et que de lourds chariots ont parcouru les rues pour les purger des immondices entassés sur la voie publique, des chars de deuil s’avancent par les mêmes routes pour débarrasser aussi les douze quartiers des corps exposés sur le seuil des maisons. La plus grande partie s’acheminent vers le cimetière de l’Est.

A chaque instant on voit le cocher funèbre en franchissant le seuil ; jamais ému, d’une physionomie parfaitement uniforme, soit qu’il entre ou qu’il sorte, il tient machinalement les rênes ; et sa figure, qui ne porte que l’empreinte de l’habitude, est tellement insignifiante qu’il n’a pas même l’air ennuyé ; on en pourrait dire pres-