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un moment plus tôt, avaient paré avec un soin religieux le dernier asile d’un parent ou d’un ami, imprimaient leurs pas sur la terre fraîchement amoncelée, que la piété filiale n’avait pas encore eu le courage d’enceindre d’une clôture, ou faisaient tomber, en passant, quelques couronnes de fleurs blanches, la plus légère des offrandes. Tant il est vrai que le cyprès même de la tombe n’est sacré que pour celui qui l’a planté ! Cette profanation irréfléchie se renouvelle toutes les fois qu’une pompe solennelle accompagne un cercueil.

Au reste, il suffit de parcourir, au sein de ce séjour, le temps compris entre un lever du soleil et son coucher, pour connaître les extrêmes si opposés que renferme la capitale. De même que dans les forêts, au déclin de l’automne, il tombe à chaque instant des feuilles de tous les arbres, de même on enlève à Paris, chaque jour, des dépouilles mortelles de toutes les classes. Cette population d’un million d’âmes rejette continuellement hors de son sein quantité de ses propres débris ; elle-même, en masse, ne cesse de s’avancer vers les trois enceintes privilégiées pour l’engloutir ; au midi, vers le Mont-Parnasse ; au nord, vers l’ancienne colline de Mars ; et à l’est, vers les coteaux de Ménil-Montant ; le temps n’imprime pas à son vaste balancier un seul mou-