Page:Paris, ou, Le livre des cent-et-un, IV.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans doute par les dimensions de ces édifices, demandait-il avec autant de justesse que de naïveté, en s’arrêtant près de chacun d’eux : « Qui demeurait là ? »

Tels sont les progrès de l’ostentation dans les tombes, que déjà elle suffit à la prospérité d’une entreprise spéciale des sépultures.

Par les soins de cette entreprise, le tombeau même de l’époux n’est plus délaissé ; l’on a observé que c’est celui qui atteste le plus d’abandon ; cette observation semble fondée. Un homme peut appartenir à une première femme par le culte du souvenir, et à une seconde par une douce communauté d’existence ; une femme ne paraît point née pour un tel partage. Lorsqu’elle se remarie, et il en est peu qui ne se dévouent à de secondes noces, l’anneau du premier hymen qu’elle répudie en emporte les dernières traces ; c’est l’anneau de Didon auquel s’attachait la mémoire de Sichée. Mais que l’on demande quelles tombes révèlent le mieux un amour qui survit à la séparation et le sentiment d’une âme toujours unie à l’objet qu’elle a perdu ; ne sont-ce pas celles où dorment des enfants ? on reconnaît vite où a passé le deuil d’une mère ! Deuil à jamais ineffaçable ! C’est par lui surtout que la voix du marbre sait nous attendrir. Qui n’a point lu les inscriptions de la douleur ma-