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français, en partie avec ses amis, et dans un jour de gaîté ; on les consulte sur le lieu, les dimensions et le plan de l’édifice ; puis il devient, lorsqu’il est achevé, une sorte d’acquisition nouvelle dont le propriétaire se plaît à faire les honneurs ; on en cause dans la joie des festins, où n’apparaissent, au lieu du crâne repoussant de l’ancienne Égypte, que des images de marbre poli, de gazon et de fleurs. Cette fréquentation familière du champ de repos semble adoucir le passage de la vie à la mort, et les rattacher l’une à l’autre par mille liens nouveaux ; elle rend la perte d’un objet chéri moins amère, son absence moins absolue et moins complète ; on se fait illusion plus aisément sur son sommeil prolongé, lorsqu’on est souvent près de son dernier lit de repos.

Ainsi s’agrandit chaque jour cette nouvelle ville, entrepôt de cendres et d’ossements. Bientôt il faudra numéroter les tombeaux, désigner les carrefours, et nommer les rues. Là, peut-être, comme dans nos cités vivantes, on négligera le génie et la renommée pour l’opulence et le luxe.

Mais que tarde-t-on ? Il y a vingt-cinq ans à peine que l’on a dit à la mort : « Constatons tes progrès, élève ta cité, comme nous la nôtre, et comparons. » Eh bien, la ville neuve à côté des trente mille maisons de la vieille Lu-