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monter l’escalier, elle le faisait péniblement ; hélas ! quelle pensée me préoccupait ! la pensée que l’infortunée ne le descendrait jamais vivante. Lorsqu’elle entra dans l’appartement nuptial, un rayon de bonheur s’épanouit sur ses joues pâles, et y fit briller comme un espoir de guérison ; mais, l’instant d’après, plus de trace de cette lueur ! Elle se coucha, fit suspendre son bouquet, et étaler à ses pieds ses habits de noces ; pendant vingt jours, elle les regarda en souriant ; le vingt-unième, elle cessa de les voir… Je l’avais accompagnée à l’autel, je dus la conduire au champ du repos. On l’inhuma sur l’éminence en face de l’ancienne grande porte. Il m’en souvient, au moment de sortir, une larme coulait encore de mes yeux ; je me retournai, je vis distinctement l’endroit où reposait l’épouse vierge, et je lui adressai un dernier salut.

Depuis cette époque, j’ai été assez heureux pour n’avoir à accompagner dans ce séjour personne qui me fût cher ; toujours, dans le chemin de la vie, j’ai marché sans réfléchir à tout ce que la faux de la mort moissonnait sur sa route. Si le souvenir du Père-Lachaise se présentait fortuitement à mon esprit, je le voyais tel que je l’avais vu alors, avec des tombeaux déjà nombreux, mais dispersés, et entre eux des vides et des places désertes.