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en arrive à chaque instant. Ainsi chacun vient là un jour pour ne plus s’en retourner, il importe peu dans quelle voiture ; l’égalité commence de l’autre côté du seuil. Personne n’entrait qu’à pied. Les visiteurs opulents me parurent regarder avec moins de morgue les piétons plus modestes : c’est que, dans ce lieu, le sentiment de la plus cruelle réalité impressionne l’âme et émousse sa fierté. Sans doute, au jour fatal, il existera encore une différence dans les vêtements ; le hêtre et le sapin succéderont à la toile et à la bure, une double enveloppe de cèdre et de plomb remplacera la laine soyeuse et le cachemire ; mais qui habillera-t-on ainsi d’un bois vil ou précieux ?… Les vers de la tombe pour qui l’on édifie de tous côtés, dans cette enceinte, le marbre et le bronze, et les vrais habitants de ces palais mortuaires.

Je remarquai que chacun éprouvait, comme moi, ce sentiment subit qui fait qu’on parle à voix basse et d’un ton grave, que l’accent devient mystérieux et réservé en entrant dans cet enclos si vaste, comme si l’on pénétrait dans la chambre d’un malade dont on craindrait de troubler le sommeil ; on obéit à une sorte de terreur et de retour sur soi-même ; il semble que, sous terre, des oreilles soient attentives pour vous écouter. Ah ! parmi tant de paroles qui sortent des bou-