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séjour, si l’on n’y était préparé d’abord par le trajet de plusieurs rues désertes ; mais, auparavant, le cœur se serre à l’aspect d’une vaste prison toute neuve et non encore achevée, avec ses hautes murailles, ses nombreuses fenêtres à barreaux de fer, ses grosses tours et son redoutable aspect de Bastille. Une prison sur le chemin d’un cimetière ! quelle imprévoyance cruelle ! La partie morale des institutions de ce genre ne sera-t-elle donc jamais aperçue ? Une autre prison s’élève en même temps près de l’enceinte où se déploient les jeux et les fêtes du nouveau Tivoli. Quel contraste ! Et dans laquelle de ces deux maisons de captivité chercher la pensée du législateur ? Ici, est-ce dérision ? là, est-ce inhumanité ? Non, mais irréflexion et insouciance partout.

Les portes des deux villes, c’est-à-dire du Paris mort et du Paris vivant, se regardent de près ; les gardiens de l’une et de l’autre peuvent très-bien s’entendre, se répondre et fraterniser. La largeur de la chaussée et des contre-allées du boulevart sépare seulement la barrière d’Aulnay de l’entrée du cimetière.

Devant la façade de cette entrée qui s’enfonce en demi-lune, grandiose comme serait une entrée du parc de Versailles, des fiacres, des demi-fortunes, de brillants équipages s’arrêtaient ; il