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les avenues des temples, là où il y avait tant de déesses à honorer. Cependant quelques couronnes toutes noires me firent souvenir de leur destination, je regardai la jeune fille qui me les offrait, puis la muraille du cimetière qui longe le boulevart, et un sourire d’ironie erra sur mes lèvres… Je ne tardai pas à remarquer combien se sont multipliées ces bouquetières, indice d’un autre accroissement sur lequel mes idées ne s’étaient pas encore portées.

Les environs du Père-Lachaise sont peuplés de ces marchandes de fleurs, de guinguettes et d’ateliers des monuments funéraires.

Mieux peut-être qu’aucune autre circonstance, le nombre des marbriers témoigne de l’augmentation effrayante dont je veux parler : une rue entière qui aboutit à la barrière d’Aulnay n’est bordée, des deux côtés, que de leurs magasins ; les pierres tumulaires, les grilles et les croix de tous les modèles et de tous les prix y sont étalées dans le même ordre et avec autant de coquetterie que les meubles d’acajou dans nos bazars ou dans les boutiques du faubourg Saint-Antoine ; des rangées d’urnes, petites, grandes et moyennes, garnissent les parois, et des tombes exécutées sur des proportions très-minimes forment, pour ainsi dire, des collections de miniatures, à l’instar des montres de bijou-