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gue, et une lassitude des choses du moment. Livré à cette disposition, l’on aime à sortir de l’enceinte des villes, à laisser derrière soi les formes trop positives de la vie sociale, à s’éloigner de ce qui est faux, artificiel, en désharmonie avec la nature, enfin à fuir ses semblables… – Et si, encore plein de cette humeur sombre, mais d’une tristesse déjà plus douce, vous gravissez une colline dont le sommet vous fasse dominer sur la grande cité populeuse, sur le vaste Paris, alors votre rêverie se laisse entraîner à cette direction philosophique qui mena Volney méditer sur les ruines ! Vous admirez la puissance du temps, de l’industrie, de la civilisation, dans cet amas surprenant de maisons, qui, sous leurs bases, dérobent à vos yeux des plaines, les rives d’un fleuve et de nombreux coteaux, de ces maisons que seize siècles ont apportées une à une, et jour par jour, l’une à côté de l’autre ! Vous lisez l’histoire sur le fronton des bâtiments royaux et sur la toge noirâtre des monuments ; vous interrogez la morale et les misères humaines, la religion et la politique, dans cette mêlée, qui semble avoir cessé tout à coup, de dômes et de tours gothiques, de temples et d’églises, de palais et d’hôpitaux. Tout nourrit vos méditations : et ce contraste de l’immobilité des édifices avec le mouvement de la fourmilière humaine