LVIII
l fallait maintenant arracher le roi Artus des mains de l’artificieuse enchanteresse Camille. Nous avons
dit que la porte de la Roche aux
Saisnes était impénétrable pour les assiégeants ;
mais, grâce à l’anneau que Lancelot avait reçu
de la Dame du lac, le sortilége pouvait être
conjuré. Notre héros passa d’abord au milieu de gens d’armes bretons chargés d’empêcher les
Irois de faire sortir le roi et de l’emmener en Irlande. Il se fit reconnaître d’eux et put entrer
sans difficulté dans la forteresse. Renverser le premier qui tenta de lui fermer le passage ; tuer, blesser, navrer, mettre en fuite ceux qu’il
trouva dans les premières chambres, fut pour
Lancelot l’affaire d’une heure. Il parvint enfin
dans une salle où Camille était assise auprès
de son ami, le beau Gadresclain : il commença
par fendre jusqu’aux épaules le jouvenceau,
sans égard pour les cris désespérés de la dame ; puis il sortit en fermant la porte pour aller trouver le geôlier : « Tu es mort, lui dit-il, si
tu ne me conduis vers ceux que tu as charge de garder. » Le geôlier tremblant
de peur le mène à la tournelle où étaient Artus