vous encore aimer celui que vous avez vu dans un état si honteux ? — Sur cela, n’ayez, doux ami, aucune crainte. Vous êtes plus mon seigneur que je ne suis votre dame ; et cesser de vous aimer serait pour moi cesser de vivre. »
Voilà donc Lancelot revenu en parfaite santé : toutes les joies que l’amour peut donner, il les ressent ; il les partage avec la reine qui ne se lasse pas de le contempler et de lui témoigner sa vive tendresse. Que serait pour elle la vie, si elle n’en partageait avec lui toutes les douceurs ? Elle a pourtant un regret, une inquiétude : c’est de le savoir trop vaillant, trop intrépide : elle ne pourra l’empêcher de courir au-devant de tous les dangers, et d’exposer constamment une vie dont dépend la sienne. Mais quoi ! sans cette incomparable prouesse, pourrait-elle se pardonner l’amour qu’elle lui a voué, comme au plus loyal, au plus parfait des chevaliers ?
LVII
ependant les Saisnes, enfermés dans
leur château de la Roche, recommencèrent
leurs sorties. La frénésie
de Lancelot, la captivité du roi Artus,
de messire Gauvain, d’Hector et de Gale-