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lancelot du lac.

un peu et laisse libre le gué. Aussitôt les Saisnes se pressent et passent dans le plus grand désordre. Lancelot, les Bretons et le roi surtout, furieux d’avoir été une fois contraints de fuir, les poursuivent avec fureur. Grand fut le nombre des prisonniers, parmi lesquels le frère du roi des Saisnes. Durant la chasse, Artus fut trois fois désarçonné et trois fois relevé et remonté par Lancelot.

Mais l’approche de la nuit contraignit enfin les Bretons victorieux à cesser la poursuite. Il fut convenu que mess. Gauvain resterait pour protéger le retour, pendant que Lancelot et Galehaut reviendraient jusqu’à la tour de la reine. Genièvre descendit et tous, à l’envi la saluèrent. Les bras de Lancelot étaient ensanglantés jusqu’aux épaules : « Comment le faites-vous, lui demande la reine — Bien, dame. — Et ces bras ne sont-ils pas meurtris, brisés ? Je veux m’en assurer ; descendez. » Elle ne peut alors se tenir d’embrasser son ami ; Galehaut reçoit de son amie la même étreinte ; et la reine, approchant de l’oreille de Lancelot : « J’entends demain visiter ces plaies à mon aise et pourvoir au meilleur moyen de les guérir. — Dame, répond Lancelot, de vous seule pourraient venir les plaies mortelles. — Remontez, doux ami, que personne n’ait soupçon de ce que j’ai pu vous dire. » En ce moment