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prouesse de lancelot.

Aussitôt le mouvement s’exécute ; Lancelot, Galehaut, mess. Gauvain et ses compagnons de quête font volte-face, et poussent devant eux les Bretons étonnés qui reculent entraînant le roi lui-même dans leur retraite. Ils repassent le gué en désordre ; mais quand les Saisnes l’ont eux-mêmes franchi en les chassant devant eux, mess. Gauvain et les siens se tournent de nouveau contre eux, et après quelque résistance, les Païens fléchissent, lâchent pied et arrivent effrayés et pêle-mêle devant le gué qu’ils veulent à qui mieux mieux repasser. Lancelot les y attendait au pied de la tour, avec ses écuyers. Ils sont immolés à mesure qu’ils se présentent, et si grand fut le carnage qu’à compter de ce moment le passage ne fut plus connu que sous le nom de Gué du sang.

Jamais Lancelot n’avait tant frappé ni reçu tant de horions : son écu était troué, son heaume bosselé et fendu, le cercle s’en était détaché. La reine, qui ne le perdait pas de vue, appelle une de ses demoiselles, et lui met entre les mains un riche heaume appartenant au roi Artus. « Va, lui dit-elle, le présenter à ce preux chevalier aux armes noires ; je ne puis supporter la vue de tant de sang ; dis-lui de laisser commencer la chasse. » La demoiselle obéit ; Lancelot remercie, ôte son heaume et lace celui que la reine lui envoie ; puis il s’é-