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lancelot du lac.

vers le cœur du chevalier ; vous qui tiendrez le mail donnerez un grand coup sur le pommeau de l’épée ; le traître sera mort avant d’avoir dit un mot. Nul autre que vous et moi ne saura jamais rien de la honte de ma fille et du châtiment de celui qui l’aura vengée. »

Les chambellans munis du mail et de l’épée, entrent dans la chambre de la pucelle, par la porte opposée à celle des chevaliers. Ils restent un instant en admiration de la beauté de l’amoureux couple ; puis le premier avance la lame de l’épée, l’autre recule d’un pas pour mieux frapper de long. Mais mess. Gauvain, dont le bras était hors de la couverture, sent le froid de l’acier ; il s’éveille, il relève le bras et détourne par ce mouvement la lame, et le mail frappe de telle force sur le pommeau de l’épée que la pointe, qui venait de remonter et changer la visée, va se ficher dans le mur où elle pénètre d’un demi-pied. Mess. Gauvain en ouvrant les yeux voit devant lui un homme armé ; il s’élance du lit, arrache l’épée de la paroi murale, et perce d’outre en outre celui qui l’avait tenue. L’autre chambellan gagnait la porte ; mais il est devancé ; mess. Gauvain d’un coup d’épée lui met à jour la cervelle. Cela fait, il soulève et rapproche les deux corps, puis les pousse hors de la chambre. Au bruit de leur