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lancelot du lac.

avance encore, et dans les angles de la chambre voûtée et carrée, il aperçoit dix lits occupés par autant de chevaliers armés, les écus sur la poitrine, les heaumes posés sur le chevet. Il marche avec précaution ; aucun ne se réveille. Il éteint un grand cierge, gagne l’autre porte et la ferme après lui. Au milieu de cette seconde chambre était un lit magnifique, et sous la couverture d’hermine reposait une jeune fille dont la beauté était facile à reconnaître, grâce à quatre cierges allumés dans la salle. Il les éteint, ôte son heaume, abat sa ventaille, détache son épée et vient au lit. Ses baisers réveillent la demoiselle qui d’abord se plaint comme femme dont on vient à troubler le sommeil ; puis en ouvrant les yeux : « Sainte Marie ! s’écrie-t-elle, qu’est-ce donc ? et qui êtes-vous ? — Celui qui vous aime et que vous aimez, belle et douce amie. N’éveillez personne. — Êtes-vous un des chevaliers de mon père ? — Non, belle douce amie ; je suis Gauvain, le neveu du roi Artus, auquel vous avez promis votre amour. — Allumez, je verrai bien. » Les cierges rallumés, la pucelle regarde le visage de celui qui venait la surprendre ; elle aperçoit l’anneau qu’il avait au doigt. « Plus de doute, c’est bien messire Gauvain. » Alors d’un visage radieux de bonheur, elle se lève à demi et lui ouvre les bras, tout