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lancelot du lac.

suivi ses traces. « En vérité de Dieu, disait messire Gauvain, ce ne peut être que Lancelot. — Je le crois comme vous, dit messire Yvain ; voyez-vous l’écu qu’il a abandonné ? Reprenons-le ; l’arme d’un tel chevalier ne doit pas être laissée au premier venu. »

Ils le rejoignirent à l’entrée de la forêt, comme il avait déjà déposé son heaume et attaché son cheval à un arbre. C’était en effet Lancelot. Il avait le cœur oppressé, les yeux inondés de larmes. Les deux fils de roi descendent, courent à lui les bras tendus et le baisent mille fois. « Beau doux compain, dit messire Gauvain, que vous est-il arrivé ? parlez ; ne pouvez-vous être consolé ? — Mes amis, dites à tous ceux qui ne m’oublient pas que je suis sain de corps, mais que mon cœur a tous les malaises que puisse avoir cœur d’homme. Je ne dois pas, sans me parjurer, jouir une seule heure de votre compagnie ni reparaître dans la maison du roi Artus. Éloignez-vous donc, ou souffrez que je vous laisse moi-même. — S’il en est ainsi, reprend messire Gauvain, nous vous laisserons ; mais au moins apprenez-nous pourquoi vous avez si vite quitté le tournoi. — Je puis vous le dire. J’ai vu le temps où jamais bataille, si grande qu’elle fût, ne m’eût résisté ; mais dans ce dernier pauvre tournoi, je n’ai pu