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lancelot du lac.

parjurer et sortir de céans ? — Non. Mais vous m’avez souvent posé un jeu parti ; j’ai fait mon choix. Je n’entrerai pas d’une année dans la maison du roi ; je ne resterai pas une seule heure de jour dans la compagnie de chevalier, dame ou demoiselle de la cour. » Morgain, ravie de l’entendre ainsi parler, reçut son serment, elle fit apporter ses vêtements, ses armes, et lui donna congé. Ainsi fut-il affranchi de la prison qu’elle lui avait fait tenir, en haine de la reine Genièvre.

Il était libre depuis quelques jours, quand messire Gauvain et messire Yvain quittèrent leur maison de religion. Ils passèrent de la forêt dans une grande prairie où leurs yeux furent captivés par un grand tournoi. Cinq cents chevaliers y prenaient part. Ils approchent et remarquent un jouteur qui se faisait redouter entre tous. Ils le voient vingt fois refouler les plus grands et les plus forts, puis se mettre à l’écart pour voir ce que feraient sans lui les chevaliers de son parti. Les autres reprenaient alors courage et revenaient à la charge ; mais dès que le bon chevalier reparaissait, l’épouvante les reprenait et l’avantage revenait au parti opposé.

Après l’avoir vu plusieurs fois quitter ainsi la lice et revenir. « En vérité, pensa mess. Gau-