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lancelot du lac.

Elle fut encore moins heureuse que celle de Galehaut. Après avoir longtemps chevauché sans aventure, et passé la nuit en forêt sous le pavillon que ses écuyers étendirent, il s’était éveillé le lendemain de bonne heure. Vers le milieu du jour, un samedi, il aperçoit, à l’entrée d’une chaussée pratiquée sur un marais fangeux, un chevalier armé de toutes armes qui lui ferme le passage en déclarant qu’il gardait le lieu au nom de Morgain. Gauvain le laisse approcher et le porte facilement à terre. Le vaincu jette un grand cri : « Ha ! je suis mort. Pour Dieu, merci, Chevalier ! veuillez me rendre mon cheval ; autrement je ne pourrai regagner mon logis. » Gauvain descend, attache son cheval à un arbre voisin, et veut bien ramener l’autre au chevalier navré qu’il aide à remonter. Comme il allait remonter lui-même, le glouton accourt sur lui et le frappe du poitrail de son cheval assez rudement pour l’étendre à terre tout de son long. Messire Gauvain furieux se relève et court à lui l’épée à la main ; mais désespérant de l’atteindre, il revient à son cheval et veut traverser le marais pour continuer sa poursuite. Or la fange était profonde et à demi séchée ; le cheval pose le pied dans une crevasse et tombe dans la boue sur messire Gauvain qu’il blesse gravement. Pour comble de disgrâce, l’indigne