son oncle. Les voilà donc chevauchant de compagnie. Bientôt ils rejoignent messire Yvain que le roi chargeait de conduire la demoiselle de Morgain. Galehaut s’empresse de demander à celle-ci ce qu’elle savait de Lancelot. « Rien, répond-elle. — Mais, dit Lionel, nous direz-vous où vous l’avez laissé ? — Volontiers. » Et elle nomme un lieu imaginaire où jamais Lancelot n’était passé. — « En tout cas, reprend Lionel, je ne vous quitte pas et je saurai au moins d’où vous êtes venue. — J’en serai charmée : sous la conduite d’aussi preux chevaliers, je n’aurai pas à craindre de mauvaises rencontres. »
Le jour baissait ; ils se trouvèrent devant une bretèche fermée de fossés et de palissades. On ouvrit à la demoiselle, les chevaliers la suivirent. Le maître de la maison était absent ; à son défaut la dame leur fit grand accueil : un grand manger leur fut préparé. Pendant qu’ils faisaient honneur aux mets, la demoiselle fit secrètement conduire son palefroi au-delà des fossés par un valet de la maison et s’éloigna doucement sans prévenir les chevaliers. Elle arriva le matin à la retraite de Morgain et lui apprit le mauvais succès de son message. « Le roi, dit-elle, n’avait rien voulu entendre contre l’honneur de la reine : la reine avait franchement avoué et reconnu, sans qu’on parût