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lancelot du lac.

der au delà de ce que je pouvais donner, je ne l’en aurais pas éconduit. Qui voudra m’en blâmer le fasse ! Mais quelle dame au monde, Lancelot ayant autant fait pour elle, lui eût refusé ce qu’il était en son pouvoir d’accorder ? Lancelot, sire, ne vous a-t-il pas conservé par sa prouesse votre terre et vos honneurs ? N’a-t-il pas fait tomber à vos pieds Galehaut que je vois ici, et qui déjà avait triomphé de vous ? Quand par jugement de votre cour je fus injustement condamnée à la mort, n’a-t-il pas aussitôt offert, pour me sauver, de combattre seul contre trois chevaliers ? Il a conquis la Douloureuse garde ; il mis a mort le plus cruel et le plus fort chevalier du monde, pour nous rendre Gauvain, messire Yvain, et le duc de Clarence. Devant Kamalot il a délivré le pays de deux géants qui en étaient la terreur ; il est le non-pair des chevaliers ; toutes les bontés qui peuvent être dans un homme mortel sont en Lancelot, aimable et doux pour tous, le plus beau, que Nature ait jamais formé. Comme il osait dire paroles plus fières et plus hautes que personne, il osait entreprendre et savait achever les plus surprenants hauts-faits. Que dirai-je de plus ? Je ne cesserais pas de louer Lancelot que je ne dirais pas encore tous les biens qui sont en lui. Par mon chef !