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la demoiselle de morgain.

compagnons de la Table ronde, il recommande de ne pas l’imiter et de vous garder mieux qu’il n’a fait de honnir votre droit seigneur. J’apporte d’ailleurs une seconde preuve de la sincérité de mon message. Reine, il vous renvoie l’anneau que vous lui aviez donné comme gage d’amour et de complet abandon. » Et elle jeta l’anneau dans le giron de la reine.

La reine regarde froidement, se lève et dit : « En effet, cet anneau est le mien je l’avais donné à Lancelot avec d’autres drueries[1]. Et je veux bien que tout le monde sache que je l’ai donné comme dame loyale à loyal chevalier. Mais, sire, croyez bien que si nous avions ressenti l’amour charnel dont parle cette demoiselle, je connais assez la grandeur d’âme de Lancelot et sa fermeté de cœur pour être assurée qu’on lui eût arraché la langue avant de lui faire dire ce que vous venez d’entendre. Il est vrai qu’en reconnaissance de tout ce qu’il a fait pour moi, je lui donnai mon amour, mon cœur, et tout ce que je pouvais loyalement donner. Je dirai plus encore si, par violence d’amour, il se fût oublié jusqu’à me deman-

  1. Drueries, gages d’amitié. Joyaux qui témoignaient d’une sorte d’engagement affectueux. (Voyez l’histoire de la dame de Roestoc, tome I, p. 304).