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sagremor et la pucelle.

ne convient pas de s’engager en aveugle. — J’avais montré plus de confiance, quand, avant de voir, je m’étais donnée. Je veux bien pourtant baisser ma guimpe ; mais, de votre côté, vous ôterez votre heaume. Si je vous plais vous le direz ; je le dirai si vous me plaisez : autrement quitte et quitte. — Soit ! répond en riant Sagremor.

La pucelle baisse sa guimpe. — « Oh ! je veux bien être votre ami, dit Sagremor. — Reste à savoir si je veux être votre amie. Sachez, ajouta-t-elle, en regardant de côté mess. Gauvain, qu’il n’y a pas huit jours, un preux chevalier qui vous valait bien m’a priée d’amour et a été refusé. — Vous alliez donc me trouver bien laid, » dit Sagremor en délaçant son heaume. « Ôtez, ôtez je verrai bien. » Il était beau de visage et bien formé de membres. « Que vous en semble, demoiselle ? demanda mess. Gauvain. — Que je tiens à la parole dite. » Aussitôt Sagremor de lui tendre les bras et de la baiser amoureusement, la demoiselle de rendre caresse pour caresse. « Par mon chef ! dit mess. Gauvain, vous n’avez pas, demoiselle, mal engagé votre cœur : sachez que votre amant est Sagremor le desréé, un des plus renommés compagnons de la Table ronde. » La demoiselle ne se sent pas de joie : ils restent les yeux attachés l’un