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lancelot du lac.

la haute marche du degré. Lancelot va la prendre, et retenant le géant sur le seuil de l’entrée, fait voler à terre le poing qui tenait l’épée. Karadoc pousse un horrible cri qui retentit au loin ; les hommes d’armes, qui sur les murs du château résistaient aux Bretons, veulent répondre à cette espèce d’appel ; mais la demoiselle avait eu le temps de refermer les portes derrière eux, si bien que nul ne put arriver à temps et lui venir en aide.

Karadoc, en reconnaissant l’épée enchantée aux mains de Lancelot, comprit que sa dernière heure était venue. « Ah Dieu ! s’écria-t-il, devais-je être trahi par celle que j’aimais plus que moi-même ! » Cependant, pour essayer de retarder l’instant de sa mort, il rassemble ses forces et s’enfuit jusqu’à l’entrée d’une porte secrète à lui connue, laquelle donnait sur un fossé de deux toises de profondeur. Dans ce fossé était l’entrée de la chartre où se trouvait mess. Gauvain. Au risque de se briser le cou, et dans l’espoir de vivre assez pour immoler son prisonnier, il se laisse tomber dans la fosse, et malgré la douleur qu’il ressent de sa chute et de ses nombreuses blessures, la rage lui donne une dernière énergie ; il tâtonne, touche la porte de la chartre, prend à sa ceinture, de la main qui lui reste, les clefs qu’il ne quittait jamais, et ouvre le cachot. Mais au