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lancelot et karadoc.

eux les grands coups sur la tête, les bras et les épaules. Le sang vermeil rougissait déjà les mailles de leurs blancs hauberts ; mais Karadoc craint de ne pouvoir regagner à temps la Douloureuse tour, il tourne son cheval et laisse Lancelot le poursuivre. En approchant de son château, il entend un grand bruit d’armes : c’est l’ost des Bretons poursuivant de près ceux qui avaient cessé de leur disputer l’entrée du Pas félon, et qui fuyaient maintenant en désordre. Il n’en a que plus de hâte de rentrer, et la gaite qui du haut des murs le voit approcher, fait abaisser le pont pour lui laisser le passage libre.

Mais Lancelot le serrait vivement et ne cessait de le frapper de sa bonne épée. Pour se garantir, le géant fait couler son écu sur son dos. Lancelot, désolé de le voir au moment de franchir le pont, approche assez de lui pour saisir à deux mains l’écu. Il espérait le faire lâcher ; Karadoc, en le retenant, est renversé sur son arçon de derrière et forcé de quitter les guiches qui restent avec l’écu aux mains de Lancelot. Lancelot s’en débarrasse et avance sur le pont avec Karadoc, auquel il ne permet pas de se redresser. Puis il se lève sur sa selle, passe sur le cou de son cheval et de ses deux mains va saisir Karadoc à la gorge. Le géant se débat sous la rude étreinte et parvient