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lancelot du lac.

Cette résistance confirma Morgain dans la pensée que l’anneau était un présent de la reine. Or elle en avait un second presque en tout semblable : sur l’un et l’autre, deux petites figures se rapprochaient ; seulement, sur l’anneau de Lancelot les figures tenaient un cœur, et sur celui de la fée elles avaient les mains entrelacées.

Morgain avait voué à la reine Genièvre une haine furieuse, et voici quelle en avait été l’occasion : sa mère, la reine Ygierne, vivait encore quand elle s’était éprise d’une passion désordonnée pour un cousin de la jeune reine ; on ne parlait pas encore de Lancelot. Genièvre, les ayant un jour surpris dans les bras l’un de l’autre, avait menacé son cousin d’en parler au roi s’il ne lui promettait de rompre toute familiarité avec Morgain ; l’autre l’avait promis sur les Saints. À partir de là, Morgain confondit dans le même ressentiment son frère Artus et la reine. C’est pour assouvir ses projets de vengeance qu’elle avait quitté la cour sans prendre congé et qu’elle était allée rejoindre Merlin dans les forêts où il séjournait. Merlin en était devenu aveuglément épris et lui avait enseigné grande partie de ce qu’il savait de charmes et d’enchantements. Or, la possession de l’anneau de Lancelot devait lui donner les moyens de perdre la reine. Mais