Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
ascalon le ténébreux.

de toutes les douleurs, lui faisait comme un rempart des plus suaves parfums. Bientôt, il est criblé de coups sur les bras, la tête et les reins ; il sent le fer des lances, des haches et des épées qui le meurtrissent et le percent jusqu’aux os. Il tombe à genoux, il se relève, frappe à droite, à gauche, au milieu d’un vacarme épouvantable, comme s’il allait assister à la chute du monde ; rien ne peut l’arrêter. Arrivé aux deux tiers du chemin, il fléchit encore sur les genoux mais Amour et Prouesse le relèvent et lui conservent ses forces. Il brandit l’épée autour de lui ; il croit trancher heaumes et écus toujours nouveaux ; tout malmené qu’il soit, il ne lâche pas la chaîne, si bien qu’enfin il arrive au dernier pas de l’aventure. Alors vingt lames tranchantes lui entament la tête qu’il s’étonne de sentir encore sur ses épaules. Il tombe renversé, mais ses bras en mesurant la terre touchent le seuil ; la porte s’ouvre d’elle-même. Aussitôt, une immense clarté inonde le moutier et tout le pourpris du château. Peu s’en faut que la demoiselle voyant ainsi fuir les ténèbres ne se pâme de joie. Elle descend dans le moutier avec mess. Yvain que l’aventure mise à fin semble avoir guéri de toutes ses plaies. Ils approchent et relèvent Lancelot ; la demoiselle délace son heaume, peu à peu il reprend ses esprits. Ils le soulèvent et le por-