Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/287

Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
ascalon le ténébreux.

du cœur d’un homme. Dites-moi seulement, demoiselle, quelle est cette aventure ; s’il n’y faut que de la résolution, je pourrai la conduire à bonne fin.

« — En effet, la parole hardie ne suffit pas ; le vrai prud’homme doit savoir ce qu’il entreprend, et ne braver que les dangers dont il s’est bien rendu compte. »

Elle lui raconte alors ce que sa sœur avait auparavant dit au duc de Clarence : et quand il se dispose à descendre dans le moutier, elle l’avertit de reprendre la chaîne qui venait déjà de les conduire à l’entrée du cimetière.

Mess. Yvain fait le signe de la croix, saisit la chaîne de la main gauche en levant de la droite son épée nue. À peine a-t-il fait deux pas qu’il sent une affreuse puanteur : il avance pourtant encore. Au tiers du chemin il reçoit sur le heaume tant et de si rudes coups qu’il a beau tourner son écu, il ne garantit ni ses flancs ni son dos ni sa tête. Il chancelle, les pieds lui manquent, il tombe enfin privé de sentiment. Quand il rouvre les yeux, il a peine à se souvenir de ce qui lui est arrivé : pour comble de disgrâce, il a laissé échapper la chaîne. En se retournant, il distingue les lueurs du cimetière et s’efforce d’y revenir ; mais les volées de coups ne s’arrêtent pas ; plus de six fois il tombe avant de regagner la porte. Enfin, quand il l’atteint,