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lancelot du lac.

« Arrête, dit-il à cet écuyer, tandis que Lionel lui ordonnait de l’attendre où il savait. » L’écuyer croit devoir obéir à son maître, et Lionel, afin de passer outre, passe la main sous sa chappe, tranche la rêne que retenait Galehaut et s’éloigne avec la rapidité d’un éclair. « Ah ! cœur sans frein ! [1] lui crie en riant Galehaut, vous êtes bien le cousin de Lancelot. » Et piquant des éperons son coursier, plus fort et plus rapide que celui de Lionel, il le rejoint, le saisit au bras, l’enlève et le plante devant lui sur le col de son cheval. Lionel se débat, se tord et se roidit tellement, qu’enfin ils tombent à terre l’un sur l’autre. « Je ne te quitterai pas, dit Galehaut, avant de savoir où tu prétends aller. — Hélas ! Je vois bien que je ne puis vous le cacher. Je m’en allais après mon seigneur de cousin ; il s’est jeté dans cette forêt, armé de toutes pièces, dans la compagnie de messire Yvain et d’un autre chevalier que je ne connais pas : où allaient-ils, je l’ignore ; mais il faut que ce soit pour un grand besoin. Par le nom de Dieu ! veuillez ne plus me retenir. »

Galehaut écoute avec peine ce que lui apprend Lionel. Comment Lancelot a-t-il pu s’éloigner sans le prévenir ? mais ne voulant pas laisser voir son chagrin : « Consolez-vous, Lionel,

  1. Voy. Lancelot, I, p. 59.