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lancelot du lac.

mesure n’en était pourtant pas comblée. À quelque temps de là je chevauchais dans la forêt avec deux oncles miens et d’autres de notre lignage ; nous vînmes à parler de mon père et de mon frère, et tout en pleurant je m’écriai : Ah ! beau sire Dieu, mon père peut-il espérer de jamais guérir ! Une demoiselle montée sur palefroi amblant vint alors à croiser notre chemin et dit en passant : « Oui ! mais l’un ne guérira pas avant l’autre. » Nous restâmes interdits. Vainement j’essayai de la joindre ; j’y perdis mes peines et n’ai pu découvrir qui elle était. Je savais seulement que mon frère ne serait guéri qu’après avoir été levé du coffre. Mais, dès qu’il en fut sorti, grâce à vous sire chevalier, mon père marcha et entendit, ce qu’il n’avait pas fait depuis deux ans. Si les plaies de mon frère étaient visitées par un bon mire, je pense qu’elles se fermeraient comme les miennes se fermèrent, quand vous m’eûtes déferré. »

Lancelot reconnut ainsi que le grand ennemi du père et des deux frères était encore cet odieux Karadoc, ravisseur de messire Gauvain. Il indiqua à Melian le but de la quête qu’ils avaient entreprise, lui, le duc de Clarence et messire Yvain : « Mais, reprit Melian, vous plairait-il nous apprendre à qui nous sommes tant