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le chevalier navré.

Quoique navré, j’eus la force de le frapper à mort : de là, une haine sans merci entre notre famille et la sienne. Une fois, il assaillit mon frère Adrian qui, après une défense prolongée, demeura navré comme vous avez vu. Par une insigne cruauté, Karadoc ne lui donna pas le coup mortel, aimant mieux prolonger ses douleurs. Il le fit transporter dans son château et après l’avoir fait longtemps languir dans un souterrain humide, la mère de Karadoc, qui passe en méchanceté toutes les autres femmes, le tira de cette chartre pour ajouter encore à ses tourments. Comme elle avait le secret des charmes et des enchantements, elle le fit entrer, à l’aide de paroles magiques, dans le coffre d’où vous l’avez levé ; par la vertu de ces paroles, il n’en devait sortir que quand le meilleur des chevaliers parviendrait à l’en tirer sans lui causer de douleur et sans même remuer le coffre. En attendant, mon frère ne pouvait ni mourir, ni pressentir la fin de ses maux. Après l’avoir ainsi destiné, elle le fit porter devant le château, pour le montrer dans cet état à toute sa parenté. Rien ne peut se comparer au chagrin qu’en ressentit notre seigneur de père. Il devint sourd, perdit l’usage de ses membres, et nous aurions tous préféré la mort à d’aussi grandes infortunes. La