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lancelot du lac.

sanglantés. À cette vue, mess. Yvain ne peut retenir ses larmes.

Il va d’abord à la demoiselle, épuisée de douleur et des cris qu’elle avait exhalés ; elle avait à peine la force de parler. Elle respirait difficilement, ses yeux étaient rouges et gonflés ; la peau qui retenait encore ses cheveux était ouverte çà et là par la violence de l’étreinte. À demi-voix cependant elle disait : « Messire Gauvain, que n’êtes-vous ici ! » À ce nom, mess. Yvain avance tout près d’elle : « Demoiselle, qui vous a si cruellement traitée, et que parlez-vous de messire Gauvain, un des hommes que j’aime le plus au monde ? — Votre nom ? dit-elle à voix basse. — J’ai nom Yvain, fils du roi Urien, cousin germain de celui que vous regrettez. — Hélas ! si mess. Gauvain était ici, il mettrait en danger pour me venger corps et âme ; je ne suis tourmentée que pour lui avoir rendu service. Il me défendrait, non-seulement pour moi, mais pour celui que vous voyez tout près et qu’ils ont apparemment tué. — Quel est ce chevalier ? — Vous le connaissez assez ; c’est Sagremor le desrée ! »

Grande fut alors l’émotion de mess. Yvain ; mais qui va-t-il d’abord secourir, de son ami ou de la demoiselle ? Il se décide pour celle-ci, et va couper la branche qui la tenait suspen-