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aventures de mess. yvain.

Le pont était baissé, la maison ouverte ; mess. Yvain broche aussitôt des éperons, arrive dans la cour et surprend quatre de ces larrons comme ils montaient par une échelle aux fenêtres. Deux autres tenaient et se disputaient à qui garderait pour soi la sœur du valet. D’autres vidaient la maison de tout ce qu’elle contenait de précieux. Ils étaient assez légèrement armés, comme vilains, de pourpoints et de chapeaux en cuir bouilli[1] ; mais ils avaient des haches, des épées, des arcs, des flèches et de grands couteaux dont ils s’escrimaient rudement.

Mess. Yvain s’en prit d’abord à ceux qui tenaient la belle jeune fille ; il planta son glaive dans le corps du premier ; de son épée il fendit le second jusqu’aux dents. Les autres, surpris, abattus, frappés, n’essaient pas de résister : il les poursuit, coupe tout ce qu’il atteint, bras, mains et têtes. En se sauvant, plusieurs cependant lui jettent des haches qui blessent son cheval et lui-même. Deux seulement osèrent affronter le hérisson et sortirent du fossé comme ils purent. Mess. Yvain ne songea pas à les poursuivre.

  1. « Comme vilains, de cuiries et de chapiaus bolis. » De cuirie est venu le mot cuirasse, que nous donnons encore très-improprement à l’armature de fer qui couvre la poitrine ; le nom ancien de fer-vêtus conviendrait mieux à nos cuirassiers.