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le val sans retour.

juré sur Saints qu’il vengera ce malheureux chevalier. Apprenez d’ailleurs que l’honneur de le délivrer est réservé au plus preux des vivants. Si donc vous pensez l’être, essayez.

« — Demoiselle, tant de bons chevaliers ont échoué dans cette épreuve que je puis bien la tenter à mon tour, sans être plus qu’eux déshonoré si je ne réussis pas.

« — Vous, déposez la bière sur le gazon, » dit aux écuyers la demoiselle. Cela fait, mess. Yvain lève le couvercle. Le chevalier avait à travers le corps deux plaies de fer de lance, un coup d’épée au milieu du front et l’épaule droite entr’ouverte.

La douleur lui arrachait des cris. Mess. Yvain promit comme loyal chevalier à la demoiselle de venger son ami, et puis il essaya de tirer à lui le navré, mais il fit de vains efforts pour le soulever et il se vit contraint de renoncer à l’ébranler. « Vous aviez droit, demoiselle, dit-il, de penser que je n’étais pas le meilleur des chevaliers, et je le savais bien moi-même. Je voudrais, pour une des plaies de votre ami, qu’un chevalier de ma connaissance eût tenté l’épreuve à ma place. Il n’est pas loin d’ici : si vous voulez le rencontrer, prenez cette voie qu’il a choisie. Je crois que lui seul pourra faire ce que vous désirez. »

La demoiselle trouva bon le conseil et prit