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le val sans retour.

éprou- la vertu. Ils y étaient arrivés de maintes terres ; ils y trouvaient à leur guise de belles maisons. À l’entrée de la clôture était la chapelle où les prisonniers pouvaient tous les jours entendre la sainte messe chantée par un prouvaire du dehors. D’ailleurs le séjour paraissait assez agréable à la plupart de ceux qui s’y voyaient retenus. On y trouvait de beaux banquets, des instruments de musique, des chants, des danses, des carolles, des jeux d’échecs et de tables. S’il arrivait que le chevalier y fût entré avec une dame qui n’eût jamais trompé ou voulu tromper son ami, elle demeurait avec lui tant qu’il lui plaisait, et de son plein gré. Quant aux écuyers, on leur permettait de rester près de leurs seigneurs ; mais ils pouvaient s’éloigner si, tout en prenant le déduit amoureux, ils étaient restés constamment insensibles aux attraits des autres dames ou demoiselles ; autrement ils partageaient le sort de leurs maîtres. Tel était donc le Val sans retour ou des faux amants[1].

Galeschin s’y engageait le plus tranquillement du monde ; mais la pente était si rapide qu’il prit le parti de quitter les étriers et de mener son cheval en laisse. Arrivé au bas du tertre, il

  1. On reconnaîtra facilement ici que l’Arc des loyaux amants, dans l’Amadis, n’est qu’une imitation de notre Val des faux amants.