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le val sans retour.

à la Chapelle Morgain, ils reconnurent les deux voies : celle de droite, nouvellement tracée pour esquiver le Val sans retour, et celle de gauche qui conduisait au Val et rejoignait l’autre plus loin. « Voilà, dit l’écuyer, le Val périlleux dont le vavasseur a parlé. Ayez merci de vous-même ; vous êtes perdu si vous y entrez, et je n’entends plus vous suivre et risquer d’y être comme vous retenu. Prenez, sire, l’autre voie ; elle conduit justement à la Tour douloureuse. — Par Dieu, répond le duc, tu dois penser que je tiens à la vie tout autant que toi ; mais ce que je ne puis endurer c’est le renom de recréant. — Ah sire ! je vous jurerai par tous les saints de cette chapelle que je ne parlerai jamais de cela à personne. — Je le crois bien : mais moi je ne pourrai m’en taire, puisque nous avons juré de conter à la cour du roi, quand nous y reviendrons, tout ce qu’il nous sera arrivé : je serais donc parjure, si j’en dissimulais la moindre chose. J’irai aussi loin que je pourrai. — Aussi loin qu’il vous plaira, reprend le valet, mais ne pensez pas que je vous suive. Seulement, j’entends rester ici tant que je pourrai supposer que vous ne soyez pas encore prisonnier. — Rien de mieux ; attends-moi aussi longtemps que tu dis, et sois à Dieu recommandé ! »