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lancelot du lac.

aboutit le chemin où vous êtes. Depuis quatorze ans aucun des chevaliers qui l’ont suivi n’en est revenu. La raison, je ne vous la dirai pas en ce moment, car je suis pressé de retourner ; j’aime mieux vous donner les moyens de vous passer de ma conduite. À l’entrée du val est une chapelle qu’on nomme la Chapelle Morgain. Là, deux voies s’offriront à vous : si vous choisissez celle de droite, elle vous conduira à la Tour douloureuse, sans obstacles qu’un bon chevalier ne puisse surmonter. La voie de gauche vous mènerait au Val dit sans retour, d’où l’on n’a jamais vu revenir un seul chevalier. Il est vrai qu’il en est à peu près de même de la Tour douloureuse, pour tous les chevaliers qui, jusqu’à présent, ont tenté d’en abattre les mauvaises coutumes. Voyez s’il n’y aurait pas grande folie de vous engager dans l’une ou l’autre de ces épreuves désespérées. — Bel hôte, répondit le duc, je prévois que mon corps va courir de grands dangers, mais je ne pourrais retourner sans honte : ainsi je dois plutôt affronter la mort que céder aux défaillances du cœur. — Allez donc, dit en soupirant le vavasseur, et que Dieu vous garde ! »

Le prud’homme retourna : le duc, seulement suivi de son écuyer, chevaucha sans trouver aventure jusqu’à l’heure de tierce. Arrivés